Petit rappel à l’intention de ceux qui n’ont jamais entendu parler de Qualiopi et qui veulent se coucher plus savants qu’il ne l’étaient ce matin en se levant !
Qualiopi, c’est un drôle de nom qui est devenu familier à tous ceux qui ont, dans leur activité, une part de formation.
Le monde de la formation professionnelle c’est tout un jargon, il y avait, depuis toujours ou presque, la déclaration d’activité que l’on faisait auprès de la DIRECCTE et qui suffisait pour être enregistré comme organisme de formation.
Puis, il y a eu la loi « Choisir son Avenir Professionnel » qui souhaite redonner du pouvoir aux individus citoyens sur leur carrière professionnelle et donc leur formation. Ce sera maintenant aux « particuliers » de choisir leur avenir et d’ « acheter » des formations qui vont donner du sens à leur avenir professionnel. C’est ainsi que le DIF (le droit individuel à la formation – un droit qui permettait de demander une formation à son employeur), est devenu le CPF (un vrai compte personnel avec du vrai argent dedans). C’est une superbe liberté mais aussi une sacrée responsabilité donnée à chacun de choisir dans la jungle des offres proposées par plusieurs dizaines de milliers d’organismes de formation qui existent en France (66 000 organismes enregistrés… même si on considère souvent qu’il n’y en a guère que 10 000 qui ont véritablement une offre accessible au public !)
Alors le législateur a souhaité proposer une sorte de garantie de sécurité et de qualité.
Une garantie qui, dans un premier temps, a pour beaucoup pris le nom de Datadock. Il était demandé aux organismes financeurs de s’assurer, avant de prendre en charge une formation, que l’organisme qui la proposait respectait bien un certain nombre d’exigences qualité. Pour éviter de faire le travail 50 fois, nombre de ces organismes se sont regroupés et ont créé une plateforme unique (le fameux Datadock) sur laquelle les organismes de formation décrivaient leur façon de travailler, et un seul organisme vérifiait, pour le compte de tous, la conformité au référentiel qualité.
Mais ça c’était trop simple et sans doute un peu trop déclaratif pour une administration qui aime bien contrôler. Alors l’étape d’après, celle que l’on vit en ce moment … c’est Qualiopi !
On remplace les 6 critères et les 21 indicateurs par 7 critères et 32 indicateurs, pas forcément cohérents avec ceux de Datadock ! L’administration a dû penser que cela n’était pas grave : “les organismes de formation s’adapteront !”
Mais surtout, on remplace le contrôle documentaire réalisé par un organisme financeur, par un véritable audit réalisé par un organisme certificateur dûment accrédité. Comme pour l’ISO 9001 ou d’autres certifications du même genre.
A partir du 1er janvier 2022, il sera indispensable de s’adresser à un organisme certifié Qualiopi pour bénéficier de financements publics ou mutualisés.
Fin du « Rappel », revenons à nos moutons…
Qualiopi, c’est, très concrètement, un référentiel qualité à mettre en place et à respecter.
Qualiopi, c’est un audit tous les 18 mois : un audit complet tous les trois ans et un audit de surveillance à mi-parcours. C’est donc un budget d’au moins 500€/an, rien que pour se faire auditer.
Qualiopi, c’est aussi des armées entières d’auditeurs qui ont dû être formés et certifiés dans un temps record pour faire face aux dizaines de milliers d’audits à réaliser en très peu de temps.
Qualiopi, c’est comme tout référentiel, des exigences plus ou moins pertinentes… D’autant plus que bon nombre d’exigences s’appliquent indifféremment aux organismes de formation, aux centres de bilan de compétence et même aux centres de formation par alternance qui font donc de la formation initiale . D’autant plus également qu’il concerne de la même manière les organismes de formation qui s’adressent au grand public qu’à ceux qui ne ciblent que les entreprises.
Alors, si dans la majorité des cas, ces exigences vont dans le bon sens et forcent à formaliser et à progresser… il y en a aussi qui demandent vraiment un travail parfaitement inutile. Ce sera donc, tous les ans, quelques jours de perdus pour faire vivre ces exigences non pertinentes.
Alors j’y vais ou j’y vais pas ?
Si la formation est une part importante de notre activité,
Si nos clients ont vraiment besoin d’une aide au financement de leur formation (pour beaucoup ce n’est pas le cas parce qu’ils dépassent allègrement le montant de financement auxquels ils peuvent avoir accès).
Alors on n’a pas tellement le choix, et le coût que tout cela représente se diluera facilement dans les revenus de l’activité.
Mais si la formation n’est qu’une activité occasionnelle, si nombre de nos clients peuvent se passer de financement alors la question se pose vraiment.
D’autant plus qu’on peut toujours trouver d’autres solutions : se faire « porter » par un confrère dûment certifié, passer par du portage salarial ou par une autre structure d’hébergement comme la SCORF – une structure coopérative dont la seule raison d’être est de « porter » des formateurs non certifiés.
Toutes ces solutions fonctionnent parfaitement et ne sont pas très coûteuses, quelques pour-cent de commission sur le chiffre d’affaires qu’ils factureront en notre nom.
Mais toutes ces solutions reposent sur le principal biais de cette certification : c’est une certification qui s’applique à l’organisme qui vend la formation, une certification qui se préoccupe des processus que l’organisme applique, mais une certification qui ne regarde absolument ni la compétence du formateur, ni la validité de ses contenus !
Heureusement ! Je n’ose pas imaginer ce à quoi ressembleraient les critères et les évaluations qui pourraient être imposés par notre administration…
Mais de fait… la qualité n’est finalement pas beaucoup plus assurée qu’avant !
Et encore une fois, on se voit imposer beaucoup de contraintes – certaines relevant vraiment du bêtisier – pour bien peu de véritables résultats !
Alors, maintenant, à vous de décider !