Bien sûr, on pourra me dire qu’en tant que formateur mon avis est biaisé. Bien sûr, on pourra penser que l’éloge de la formation que je m’apprête à faire relève de la publicité. Alors pour ne pas tomber dans ce piège, c’est de mes expériences, en tant que « formé », que je voudrais parler. Et de toutes ces expériences, je voudrais surtout parler de quelques formations où je n’ai rien appris.
Parce qu’il y a ces formations auxquelles on s’inscrit parce qu’il nous manque une compétence qu’on a identifié et qu’il faut acquérir. Ca c’est le cas simple : on cerne son besoin, on s’inscrit, on apprend et on sait. Il n’y a pas grand-chose à en dire. On sait tous le faire. On le fait tous, quand le besoin se présente, plus ou moins régulièrement, en comptant sans doute un peu trop souvent sur nos capacités d’autoapprentissage. Mais on le fait.
Mais ce qui est plus intéressant, ce dont je veux parler aujourd’hui, ce sont des formations qu’on pourrait suivre bien qu’on connaisse déjà parfaitement le sujet. Ces formations sur notre cœur de métier.
Drôle d’idée me direz-vous de s’inscrire à une formation où l’on ne va rien apprendre. Oui, c’est une drôle d’idée. Et c’est cette drôle d’idée que j’ai envie de défendre aujourd’hui parce que je suis convaincu que « La formation, ce n’est pas que pour apprendre ! »
Il y a, pour moi, trois bonnes raisons de s’inscrire et de suivre de telles formations.
Raison n°1
On a beau avoir tout appris d’un sujet, on n’en a souvent retenu qu’une partie. Parce que ce n’était pas le moment, parce qu’on n’avait ni le vécu, ni l’expérience nécessaire pour tout assimiler. Et le revoir quelques années après permet parfois de réveiller des pans entiers de connaissance qu’on n’avait jamais exploités.
Il n’est même parfois pas nécessaire d’attendre des années pour découvrir de nouveaux contenus, de nouvelles idées, dans un sujet auquel on s’est déjà formé. J’ai en mémoire l’exemple un peu extrême d’une formation que j’ai suivie 5 ou 6 fois en moins de 3 ans. C’était toujours la même formation au management, toujours le même déroulé, respecté de façon millimétrique, par les mêmes deux formateurs, et j’y ai pourtant trouvé, à chaque fois, quelque chose de nouveau.
Raison n°2
Une grande partie de la richesse d’une formation vient des participants, de leurs questions, de leurs réactions, de leurs témoignages. Et sur un sujet qui est notre cœur de métier, il est précieux de voir comment ceux qui ne le maîtrisent pas le découvrent. On pourra voir en formation ce que l’on ne voit pas toujours dans nos missions. On pourra, en quelques heures, comprendre comment ce sujet est appréhendé dans autant d’entreprises qu’il y a de participants.
En reprenant l’exemple de cette formation au management, j’ai fini par la dispenser moi-même après avoir été longuement formé pour maîtriser à mon tour son déroulé millimétrique, la richesse de ses contenus et la façon de donner à chacun selon ce qu’il est en mesure de recevoir. Et chaque fois que je l’ai animé, après l’avoir suivi 5 ou 6 fois, après avoir été formé pendant près de 30 jours pour savoir l’animer, chaque groupe m’a permis d’y découvrir encore quelque chose de nouveau !
Raison n°3
Quand on maîtrise un sujet depuis des années, on s’enferme, inévitablement, dans une façon de voir les choses, dans des pratiques, dans un carcan qu’il est très difficile de faire évoluer. Aller voir comment d’autres abordent le sujet, comment ils en parlent, les outils qu’ils proposent et leurs façons de les présenter est une source de jouvence, une véritable opportunité d’innover. C’est le moyen le plus simple d’intégrer à nos pratiques suffisamment de nouveauté pour recréer quelque chose de réellement différenciant.
C’est ce que j’ai fait, il y a trois ans, en suivant une formation destinée à des jeunes entrepreneurs. Je n'y ai pas appris grand-chose en matière de stratégie, de business plan, de vente ou d’organisation. Je crois que j’aurais pu en apprendre beaucoup à la plupart des intervenants. Mais tous ou presque avaient une façon bien à eux d’aborder leur sujet, d’y mettre leur « patte », leur sensibilité … Et si finalement je n’ai pas appris grand-chose, ce que j’y ai glané, les pistes que cela m’a données et dont j’ai poursuivi l’exploration par moi-même, m’ont permis de profondément me renouveler.
Tout ceci n’est vrai que si …
… la formation dont on parle est de bonne qualité. Si, quand on ne connaît pas un sujet, on peut se contenter d’un formateur moyen dispensant un contenu moyen, quand on est attiré par l’une de ces trois raisons, on ne pourra pas se contenter de ce moyen-moyen.
Il faudra faire du tri. Fuir sans doute les formateurs qui ne font que réciter ce qu’ils viennent d’apprendre sans avoir, par eux-mêmes, un vrai vécu probant. Se méfier des grosses structures qui vendent sur catalogue des produits très standards répondant aux besoins moyens de participants moyens … et nous ramènent à une autre forme de moyen-moyen.
Mais quand on prend le temps de chercher la perle rare, quand on a la chance de la trouver, alors ce serait sûrement dommage de ne pas en profiter !