Si dans de nombreux cas, remettre au lendemain ce que l’on a à faire ne mérite pas le nom de procrastination et son cortège d’images négatives (voir mon article Et si procrastiner était un art ?), il y a aussi des cas où ces délais que l’on s’accordent nous font plus de mal que de bien : sentiment de culpabilité, incapacité de se concentrer, perte de productivité à force de papillonner, inconfort, …
C’est pourquoi la vraie procrastination est nuisible.
C’est pourquoi on ferait bien de ne pas reporter à demain le fait de s’y attaquer !
Il est alors tentant d’essayer d’adopter une des multiples solutions dont internet regorge. Et vous l’avez peut-être déjà fait … et vous avez sûrement constaté que ça ne marche pas vraiment, ou que que ça ne marche pas longtemps.
Et c’est bien normal parce que tout ce que l’on trouve s’intéresse plus aux symptômes qu’aux véritables causes.
Et si on regardait plutôt ce qui marche vraiment, les vraies solutions pour arrêter de fuir devant l’action ?
Si on y regarde bien, cette vraie procrastination, elle concerne souvent les mêmes choses. Ce que l’on reporte régulièrement, c’est souvent ce que l’on n’aime pas faire, ou ce dont on n’est pas fier, ce dont on aime pas le résultat ou encore ce qu’on ne se sent pas capable de faire.
Quand on commence à prendre conscience des vraies raisons de cette procrastination, on s’approche des vraies solutions !
1- Je n’ai pas envie de faire cette tâche car je la trouve ennuyeuse, désagréable et ingrate.
C’est une perception personnelle. D’autres peuvent ne pas partager ce point de vue. D’autres peuvent apprécier cette activité. Peu importe. Moi, pour tout un tas de raisons, je n’aime pas faire ça !
Face à ce motif là, il y a deux solutions :
- La première, la plus simple, mais, hélas, pas la plus accessible, serait de déléguer. Si cette tâche nous est si pénible, si la reporter sans cesse nous crée un inconfort régulièrement répété … cela ne vaudrait-il pas la peine de se demander, une fois pour toute, s’il n’y pas moyen de s’en débarrasser ? Peut-être que ce que ça coûterait serait facilement compensé par le gain de productivité …
- La seconde, consiste à se demander pour quoi nous devons faire cette tâche. Ce n’est jamais pour rien. Cette tâche est certainement l’un des points de passage obligé pour réaliser notre projet. Et si l’on parvenait à rendre celui-ci suffisamment ambitieux, suffisamment attractif et suffisamment concret, cette fichue tâche prendrait un autre sens. Et si désagréable soit elle, elle deviendrait facilement beaucoup plus acceptable. La solution est là, dans le fait de redonner du sens à cette tâche, de la mettre dans la perspective d’un projet plus global.
2- Je remarque régulièrement que les seuls mois où je suis en retard pour faire ma comptabilité,
les seuls mois où je trouve toujours quelque chose de plus important à faire, sont les mois où je n’ai pas fait un gros chiffre d’affaire, ou bien les mois où je sais que j’enregistre une facture pour une dépense qui n’a pas produit les effets que j’en attendais.
Dans ces cas, ce n’est pas, comme précédemment, la tâche que je n’aime pas, c’est ce qu’elle m’oblige à regarder en face ou c’est son résultat. C’est le déplaisir, le désagrément qu’elle va, non pas créer, mais simplement réveiller. L’obligation qu’elle va créer de regarder en face quelque chose qui ne me plait pas.
Alors qu’est-ce qu’on peut faire dans ce type de cas ? D’abord, et avant tout, simplement assumer. On a raté son mois ? On a fait un mauvais investissement ? C’est vrai ! Et on ne peut plus rien y changer. Alors relativisons, mettons ce mois ou cette dépense en perspective avec les mois passés, avec les bénéfices engrangés. Et surtout, réunissons les conditions pour que cela ne se reproduise pas : tirons de l’expérience les enseignements qu’on peut en tirer et, si ce n’est pas déjà fait, mettons en place le plan d’actions qui nous assurera que les prochains mois ne ressembleront pas à celui-là.
3- Et puis, il y a le cas qui est peut-être le plus fréquent.
Ces tâches que je reporte parce que, au fond de moi, je ne me sens pas tout à fait capable de les faire et en tous cas de bien les faire… Et derrière ça, il y a, en fait, deux situations bien différentes :
- La première de ces situations, c’est quand ce sentiment d’incapacité correspond à une réalité. Quand c’est vraiment le cas ! Quand je dois vraiment faire quelque chose que je ne sais pas faire ou que je ne sais pas bien faire. Ça arrive plus souvent qu’on ne le croit et plus souvent qu’on ne le voudrait.
Il y a quelques questions à se poser dans ce cas là :
– “Comment est-ce que je me suis retrouvé à devoir faire ça ? À quel moment aurais-je pu dire non ?”
– “Pourquoi est-ce que je ne me fais pas aider par quelqu’un qui sait faire plutôt que de me pourrir la vie avec de la culpabilité et de toutes façons finir par mal faire les choses ?”
– “Pourquoi, si cette situation se répète souvent, je ne me forme pas ? Pourquoi je n’investis pas pour monter en compétences et être, demain, capable de faire et de bien faire ?”
- La seconde situation, c’est quand ce sentiment d’incapacité n’est pas réellement justifié. Quand je réussis à me convaincre que je ne sais pas faire même si j’ai déjà plusieurs fois … Ça vous rappelle quelque chose ? C’est ça ! C’est le syndrome de l’imposteur : “j’ai déjà réussi mais c’est parce que j’ai eu de la chance, ou parce que c‘était facile cette fois-là, parce que le client n’était pas très exigeant, …”.
Procrastiner, dans cette situation, ce n’est rien d’autre que mettre en œuvre une stratégie de sous-investissement : faire le nécessaire pour même démontrer à moi-même que je ne sais pas faire ou pas bien faire.
Ce syndrome n’est pas une fatalité et il y a une façon simple d’agir pour s’en sortir et pour prendre soin de notre réussite : CARE – Cf mon article J’ai réussi mais c’est parce que j’ai eu de la chance.
Dans tous les cas, néandertalien, biochimiste, jouisseur, organisateur ou douteur… Chaque fois qu’on reporte quelque chose ne serait-ce qu’une deuxième fois, ça mériterait de regarder de près ce qui se cache derrière. Ça mériterait de se demander si on n’est pas en train de se mentir et de se cacher derrière de faux prétextes, de fausses explications pour cacher un malaise qui ne serait pas si difficile à traiter si on l’identifiait.
A vous de jouer et d’analyser votre procrastination !